Généalogie d'une famille ordinaire
LES LIEUX DE VIE DE NOS ANCETRES
Les lieux de vie de vos ancêtres vont fournir des informations sur le contexte historique de la vie de vos ancêtres : une activité spécifique - un moulin, une scierie, une ferme- peut donner des indications sur la profession ou le mode de vie de la famille.
Dans les archives locales et/ou départementales, les registres paroissiaux, les recensements et d'autres documents vont aident à cibler les endroits exacts où vos ancêtres ont vécu, facilitant la recherche d'informations pertinentes. Les familles avaient souvent des liens étroits avec leurs voisins, et la recherche des lieux de vie peut conduire à la découverte de parents éloignés, peut-être comprendre certaines unions et solutionner des cas d’homonymie.
En suivant ces lieux associés à la famille au fil du temps, vous pouvez mieux comprendre les mouvements et les migrations de la famille. Cela peut être utile pour suivre l'histoire de votre famille à travers les générations.
Et puis bien sûr, vous contribuez à préserver l'histoire locale. Certains lieux peuvent être oubliés au fil du temps, et votre recherche peut aider à maintenir la mémoire de ces endroits.
1. Partir de ce que l’on connaît….
Dans un acte d’état civil, vous avez une adresse ; pour les grandes villes, c’est facile, le numéro de la rue est souvent indiqué ; par contre dans les villages, seul le lieu-dit est inscrit….
Dès que vous avez votre adresse, vous effectuez une recherche dans
• Google Maps : tapez simplement votre adresse dans Google puis visionnez la carte
• Google Earth : tapez simplement votre adresse et agrandissez...
Sur Google vous allez pouvoir visualiser la carte, voire la maison de vos ancêtres… ou alors vous ne trouvez pas la rue !
Certaines communes ont changé le nom de leurs rues, ou bien un lieu-dit est rattaché à une autre grande commune….
Je vais régulièrement faire des recherches sur deux sites :
• L’annuaire des mairies et villes : je tape le nom de la commune dans « recherche » et j’obtiens
◦ le site internet de la commune
◦ la liste des maires de la ville
◦ les cartes et plans de la commune
◦ l’histoire, le patrimoine…
◦ et même quelques cartes postales !… et le cadastre.. mais nous y reviendrons plus tard….
• Liste de rues de communes françaises (wikipedia) : certains communes de France !
Rappelons que Wikipedia est une encyclopédie collaborative et multilingue mais qu’elle n’est pas fiable à 100 %…. Alors comme aurait dit Lénine « la confiance n’exclut pas le contrôle ».
2. La monographie d’une commune
« Pendant la seconde moitié du XIXe siècle, le Ministère de l’Instruction Publique a demandé aux instituteurs ou, à défaut, aux curés, de réaliser des monographies communales
Des formulaires ont été distribués pour les aider dans cette rédaction et les guider par des questions, la vie du village y est décrite.
Les meilleures ont été exposées lors des Expositions universelles à Paris de 1889 et 1900.
Grâce à ses monographies, vous en saurez plus sur
• la géographie : retrouvez les informations sur les toponymes, la géologie, la démographie, l’environnement, la constitution physique des habitants …
• l’histoire : retrouvez les informations sur l’archéologie, l’architecture, les événements marquants, les légendes locales, l’instruction …
• l’économie locale : retrouvez les informations sur l’agriculture, la condition ouvrière, la chasse, la pêche et les animaux présents dans la commune.
Selon les villages et selon la capacité de rédaction de l’auteur, vous trouverez des pépites qui vous permettront d’imaginer vos ancêtres dans leur environnement. » (source Heredis)
Ces monographies sont à retrouver dans les archives départementales. (voir également cet article)
3. Les recensements
Des recensements de la population française sont régulièrement effectués depuis le 19ème siècle, et en principe tous les 5 ans, sauf en période de guerre.
La difficulté : un recensement des familles par rue, recensement qui peut devenir laborieux dans les grandes villes ; mais on peut mesurer l’évolution au cours du temps ; certaines rues se dessinent, des bourgs s’agrandissent et deviennent quartier, des sentiers deviennent rues…..
Sur l’exemple ci-dessous, le recensement de la commune d’Oberhaslach (Bas-Rhin) datant de 1836 ne comporte que 23 pages ! C’est le berceau de ma famille alsacienne ; par contre, lorsqu’elle a migré sur la commune de Reims, il m’a fallu rechercher son emplacement : en 1872, il y avait 3 cantons donc 3 registres de plus de 500 pages chacun… Quelle rue et quel canton ?
4. Le dictionnaire topographique
Le Dictionnaire topographique de la France recense les noms de lieux attestés sur le territoire français ainsi que les formes anciennes (latines et autres). C’est donc un dictionnaire de noms de lieux comportant des informations à caractère historique (histoire des lieux) et linguistique (graphies anciennes des noms de lieux).
Lancé en 1859 sur proposition de l’historien Léopold Delisle, alors que la science historique commençait à se pratiquer de façon méthodique, ce projet avait pour ambition de doter les savants d’un dictionnaire géographique « de la France ancienne et moderne »
Voici par exemple le Dictionnaire topographique de la Saône et Loire : ICI (Gallica)
Un contenu en 3 parties :
• une introduction consacrée à la géographie historique du département : une description physique du département, et une nomenclature est en très grande partie constituée par les noms tirés de la géographie physique (reliefs, cours d’eau, forêts, etc.) et par les noms de lieux habités (communes, villages, hameaux, écarts, etc.)
• le corps même du dictionnaire composé d’articles comprenant
◦ nature et localisation du lieu concerné – la localisation s’effectuant par rapport à la circonscription administrative immédiatement supérieure –,
◦ formes anciennes du nom, datées et munies de leur référence documentaire (archivistique ou bibliographique),
◦ informations historiques diverses (circonscriptions d’appartenance sous l’Ancien Régime, etc.).
• sur Gallica : tous les dictionnaires topographiques de la France
Le « Dictionnaire topographique de la France », monument d’érudition publié à partir de 1861 sous forme de volumes départementaux par le Comité des travaux historiques scientifiques (CTHS), constitue un instrument de travail incontournable pour l’identification et l’étude des toponymes anciens. Quelque 150 ans plus tard, le CTHS a entrepris la conversion numérique de cette collection.
Ce dictionnaire constitue un outil indispensable pour l’étude de l’histoire et de la géographie ancienne du territoire français L'École nationale des chartes, en partenariat avec les Archives nationales, a développé une application permettant d'exploiter au mieux cette entreprise : Dico Topo interroge aujourd'hui simultanément 40 des dictionnaires départementaux de la collection.
Et bien évidemment si dans Dico Topo je tape « Chissey en Morvan », je retrouve en ligne les mêmes informations que sur Gallica, mais surtout, j’ai également accès à d’autres sources internet !
5 . Les plans anciens de ville
Pour nos ancêtres vivant dans les grandes villes, il est possible de recueillir une adresse complète dans les actes d’état civil.
Mon A.grand-père par exemple est né et a vécu au 34 rue du Mont d’Arène à Reims. Difficile toutefois de retrouver une maison sur les plans actuels car les quartiers ont changé et le nom des rues a été modifié. Les plans anciens de ville vont donc m’être très utiles : ils vont me permettent de connaître les rues et les quartiers au moment où mon ancêtre y vivait.
Pour retrouver les plans anciens de villes de vos ancêtres, voici quelques sites que vous pouvez consulter :
• Gallica qui propose une grande collection de cartes et de plans de différentes époques, notamment de nombreux plans de villes
• le site des Archives municipales de certaines grandes villes qui ont numérisé et mis en ligne des plans parcellaires vous permettant de découvrir l’évolution d’un quartier
• le site des Archives de Paris qui permet de consulter certains plans parcellaires de Paris, notamment le plan de la rive-droite de Paris dit Atlas Vasserot et Bellanger (1830-1850) et le plan parcellaire municipal de 1871-1896.
Tout à la poursuite de mes recherches, dans Gallica, je retrouve un document REIMS ses rues et ses monuments
Je décide donc d’affiner ma recherche par types de documents (comme ci-dessous)
Et dans la rubrique « la France en cartes » je choisis les cartes de Cassini « par région » ; je sais que Reims est une ville du Grand-Est ; je trouve de nombreuses cartes…
Pour mieux choisir, je vais sur mon ami Google et je tape « Gallica plan de Reims » et là, miracle ! Je n’ai que l’embarras du choix….
6 . Les cartes anciennes et le cadastre
Il existe un site Géoportail qui regroupe toutes les cartes :
Le site Géoportail de l’IGN propose de nombreux types de cartes, et en particulier quelques cartes anciennes, telles que la carte de Cassini et les cartes d’état-major de 1822 – 1868. Le grand avantage de ce site est que l’on peut aisément comparer les cartes anciennes, les cartes actuelles et les photographies aériennes (grâce au système de calque et à l’affichage par transparence).
Le site « Des villages de Cassini aux communes d’aujourd’hui » propose les cartes de Cassini de tous les villages de France, ainsi que des notices communales qui donnent de nombreuses informations intéressantes (changements de nom du village, administration ancienne, évolution du nombre d’habitant, etc).
Le cadastre permet d'obtenir une photographie actuelle ou révolue de la situation foncière de la maison et de ses alentours. Vous pourrez donc connaître les noms des propriétaires successifs, avec l'usage du bien, au gré des époques. Toute personne a le droit de se rendre au Cadastre pour y consulter des documents
On distingue
• le cadastre napoléon, le cadastre du 19ème siècle
• le cadastre contemporain
Chaque commune est représentée sur le papier par un plan cadastral (ou plan parcellaire) ; ce plan est divisé en une ou plusieurs sections (ou planches) selon sa superficie totale.
Le tableau d’assemblage est le dessin qui représente le découpage cadastral.
Une section est un sous-ensemble du plan cadastral de la commune ; plus la section est vaste, moins il y a de « batis » ; chaque section est divisée en parcelles numérotées, correspondant aux propriétés ; le numéro de chaque parcelle est une clef d’entrée dans les documents cadastraux.
Et pourquoi faire simple lorsque l’on peut faire complique r?! Les parcelles du cadastre napoléonien ne sont pas toujours les mêmes que celles du cadastre contemporain…
L’état de section est le registre donnant pour chaque parcelle le numéro et le nom du propriétaire ; par ailleurs, la matrice - qui n’existe que depuis 1821 – est la liste des parcelles que chaque propriétaire possède dans la commune ; elles sont souvent difficiles à lire car raturées au gré des donations et ventes.
Jusqu'à la Révolution Française, le cadastre conserve un caractère essentiellement local ; après 1789 sont mis en place une gestion de la vente des biens nationaux ; il a donc fallu organiser et gérer l’impôt foncier. Le travail était gigantesque et il faudra attendre 1807 pour matérialiser toutes les parcelles de terrain de chaque commune.
N’oublions pas que le cadastre apporte des indications sur les biens fonciers de l’ancêtre : le cadastre a un but fiscal !
On recherche le cadastre :
• sur le site : www.cadastre.gouv.fr ; il donne les plans contemporains mais pas les matrices nominatives, conservées au centre des impôts ou dans les mairies ; leur accès est payant...
• dans les archives départementales (en série 3P), vous trouverez les plans cadastraux napoléoniens et certaines matrices commencent à être numérisées
Attention !
Quelques régions n’ont pas le même type de cadastre que les autres :
• l’Alsace et la Moselle pendant l’occupation allemande (de 1871 à 1918)
• Paris, dont le cadastre ancien (1807-1855) est traité différemment du reste de la France, et se consulte aux Archives nationales ou bien sur le site Archives de Paris.
7. POP : la plateforme ouverte du patrimoine
La plateforme POP regroupe les contenus numériques du patrimoine français afin de les rendre accessibles et consultables au plus grand nombre :
• Des monuments historiques : des informations détaillées sur les monuments historiques en France, y compris leur histoire, leur architecture, leur localisation, et leur statut de protection,
• Des sites archéologiques : des données avec des descriptions, des découvertes, et des informations sur leur importance historique,
• Des musées : des informations y compris leurs collections, leurs expositions, et leurs horaires d'ouverture,
• Les parcs et jardins : leur conception et leur histoire,
• Des édifices religieux : églises, cathédrales, abbayes, etc., avec des détails architecturaux et historiques,
• Le patrimoine industriel : anciennes usines ou infrastructures.
Toutefois, les informations disponibles peuvent varier en fonction des partenariats et des contributions de différentes institutions (voir article de la RFG).
8. D’autres possibles
En matière de généalogie, il faut être inventif.
N’hésitez pas à aller « fouiller » sur le web ; vous serez surpris ce que l’on peut y trouver !
Outre les archives départementales, explorer les archives communales et bien sûr les archives régionales.
Les recherches n’ont aucune limite : le mode de vie, d’alimentation, l’univers familial et professionnel….