Cette année je vais vous parler de mon grand-père Henri, né à Mouy le 21 octobre 1907. Je n’ai jamais rencontré cet homme, dont je sais fort peu de choses, si ce n’est que mon père en parlait peu, mais toujours avec un profond respect et une nette admiration.
La nature déteste le vide… aussi, lorsque l’on ne vous dit pas tout dit, vous doutez et vous allez chercher vous même l’information. Mon père m’a toujours dit que son propre père était mort durant la guerre : il est décédé le 9 mai 1948. M’aurait-on menti ? En 1948, la guerre était finie : que s’est-il donc passé ?
Alors j’ai fouillé sur le web et j’ai trouvé son nom : « Henri Deiber, victime de la barbarie nazie.. ». Ce fut un choc ! Il paraît que l’on n’est pas sérieux lorsque l’on a 17 ans (Rimbaud) et bien, 17 ans, c’était l’âge que mon père avait lorsqu’il a perdu son « modèle » ; il n’était pas encore un adulte que déjà, il était propulsé tragiquement dans un monde de brutes.
Mon père est décédé depuis près de dix ans déjà. Il n’a jamais cessé de travailler, depuis son apprentissage en métallurgie à 14 ans jusqu’à 65 ans, l’âge de sa retraite : une retraite tant méritée, mais la maladie est arrivée très vite… foutu crabe….
Au stade de mes recherches, je n’ai guère plus d’information ; j’ai trouvé le nom de mon grand-père dans les Archives mais le SHD et Arolsen ne m’ont pas transmis les documents que j’attendais….
Tout généalogiste que se respecte, se doit d’être pugnace, et je ne lâcherai pas ! J’ai tout mon temps...
Lors de ce challenge, je vais donc vous parler d’Henri et des évènements qui se sont déroulés autour de lui…. J’espère que je ferai de belles rencontres, car en généalogie, on se sait jamais à l’avance ce que l’on va trouver….
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Comment écrire l'histoire d'un ancêtre avec peu de documents
J’ai donc décidé d’écrire l’histoire de mon grand-père, sans aucun document en ma possession ; je m’apprête à réaliser un défi de taille. Dans tous les textes que j’ai pu lire, il est conseillé de collecter les documents, interroger les membres de la famille et surtout la famille élargie…. Bien évidemment, j’ai sauté toutes ces étapes.
Voici comment j’ai procédé :
• connaissant la date et le lieu de naissance de mon père, j’ai obtenu sans difficulté son acte de naissance complet ; avec ce document j’ai pu retrouver les noms et prénoms exacts de mes grands-parents et surtout leur lieu de naissance ; j’ai beaucoup utilisé ma mémoire auditive, répétée à voix haute les noms de villes que ma grand-mère évoquait au fil des conversations, sans savoir à l’époque, à quoi ils correspondaient,
• grâce aux archives en ligne, j’ai aisément retrouvé acte de naissance, de mariage et de décès de mon grand-père paternel,
• mais ces 3 actes d’état civil ne me fournissent pas de détail sur son existence : il m’a donc fallu reconstituer le contexte historique, essayer de me remémorer certaines villes, certains noms que ma grand-mère avait prononcé,
• j’ai beaucoup lu, documenté mes textes et créé mes écrits en utilisant une imagination basée sur des faits réels, voire plus que probables : d’ailleurs, sait-on réellement ce que nos ancêtres avaient dans la tête ? Quels choix ont motivé leurs décisions ?
• J’ai entrepris des recherches « ailleurs » ; en généalogie, il faut être inventive… j’ai essayé d’exploiter tout ce qui me tombait sous la main, et pas uniquement sur la Seconde Guerre Mondiale, car en y réfléchissant, cette p….. de guerre n’a représenté que sa fin de vie…..
Je pense qu’écrire une biographie narrative sans document collecté est possible, pourvu que des suppositions raisonnables et des descriptions de la vie de l'époque ne soient pas que pure spéculation mais de l’ordre de l’envisageable.
Je ne doute pas que l’histoire de mon grand-père pourra être attrayante ; chaque découverte, aussi petite soit-elle, contribuera à éclairer le passé familial de mes racines, et à redonner à Henri la place qui lui revient.
Voici donc quelques brides de son histoire, au travers des documents trouvés sur internet (ICI).